En prenant des images et en les traitant comme du matériel autonome, Wong Kar-wai s’est imposé comme le cinéaste le plus contemporain de son temps. Il filme l’énorme flux d’images contemporaines de l’intérieur, les affine à un point de vertige presque vertigineux, mais parle également des dommages qu’elles causent. Les individus sont seuls, orphelins, impropres à l’amour, incapables d’exercer la moindre influence sur la réalité.
Ses films fonctionnent comme des prismes, recueillant les reflets lumineux des paysages urbains et les psyches sombres de ses personnages, les diffractant dans les facettes aux couleurs vives d’un clip vidéo. Reste ce qui est la vraie mesure de tout grand cinéaste: une vision parfaitement articulée de l’état du monde, ici et aujourd’hui.