S’inspirant des stéréotypes et des préjugés des médias de masse, Nicole Tran Ba Vang en revisite leurs multiples aspects à travers une habile manipulation des codes. À la manière de la poétesse surréaliste Joyce Mansour, elle s’approprie la posture médiatique de la publicité et des magazines de mode. Bénéficiant de contributions d’écrivains, philosophes, critiques, artistes, et historiens de l’art, Revue détourne et met en abîme les codes culturels et esthétiques des médias de masse, nous invitant à explorer les fantasmes consuméristes d’une société de l’image et à questionner les représentations de la culture populaire et son influence sur nos goûts, nos valeurs, nos corps et nos esprits.
Revue est un livre d’artiste détournant les codes médiatiques, culturels et esthétiques des magazines de mode. Le sommaire propose des rubriques qui se substituent au menu habituel des magazines. C’est un projet basé sur l’appropriation et le détournement. Y sont présentes des œuvres piratant les photographies publicitaires, des citations d’artistes, de philosophes ou d’écrivains prennent la place des conseils de beauté et shopping…
De nombreux auteurs ont collaboré à Revue parmi lesquels Marie Darrieussecq, Françoise Gaillard, Cécile Godefroy, Guy Limone, Michel Nuridsany, Jérôme Sans et David Zerbib.
“Comme dans toute forme revisitée ou “revue” du Pop Art, je m’inspire beaucoup de la culture populaire, de la publicité et des magazines où sont véhiculés stéréotypes et préjugés. Quelle est notre marge de manœuvre esthétique? Quelle est notre degré d’aliénation face aux modèles qui s’imposent à travers les médias? Revue interroge les représentations de la culture populaire des apparences tout en questionnant le pouvoir des médias sur nos goûts, nos valeurs, nos corps et nos esprits. Revue agit comme un détoxinant de l’esprit et encourage le lecteur à revoir sa façon de regarder ce qu’on lui donne habituellement à désirer. Comme dans tous les magazines Revue commence par une minute de pub sauf que j’en ai fait une infusion riche en antioxydants et avec des propriétés bénéfiques pour la santé, notamment en matière de lutte contre les allergies et les troubles du sommeil.” Nicole Tran Ba Vang
Artiste plasticienne d’origine vietnamienne, Nicole Tran Ba Vang (née en 1963 à Villeneuve-sur-Lot, vit et travaille à Paris) s’est d’abord imposée dans le paysage de la photographie française contemporaine. Issue de la mode, l’artiste conçoit toujours des « Collections », comme elle nomme aujourd’hui chacune de ses séries photographiques. Elle joue avec les codes et les mécanismes de ce domaine qu’elle connaît parfaitement, tout en reprenant son langage visuel. Ses images interrogent le culte de l’apparence et ce qu’il dévoile de nos préoccupations identitaires. C’est avec un certain humour et une apparente légèreté que l’artiste continue d’ausculter en profondeur ce phénomène insaisissable et incontournable, dans ses dimensions à la fois sociales et psychologiques. Nicole Tran Ba Vang s’est fait connaître avec des images paradoxales dans lesquelles elle déshabille ses modèles en les habillant d’une seconde peau, les parant d’étranges « habits de nudité ». Ces images à la fois séduisantes et dérangeantes perturbent la perception de ce que nous possédons de plus immuable – notre peau – en l’accessoirisant comme un élément interchangeable de la garde-robe idéale. « Être ou ne paraître », c’est par ce jeu de mot que Nicole Tran Ba Vang aime alors à définir les enjeux de son travail. Depuis 2003, elle réalise des séries photographiques qui étendent sa réflexion sur l’identité : ses femmes-caméléons ont la peau brodée, prolongeant dans leur chair les délicats motifs qui ornent les murs dans lesquels elles semblent vouloir se fondre